Ce n’est pas dans mon habitude de partager mon côté personnel mais cette histoire contient une leçon importante à comprendre.
Mon ami Éric hier m’a écrit pour me complimenter sur ma photo de profil Facebook et il m’a fait une remarque que j’ai sous-estimé, que j’avais perdu du poids. Pour toute personne qui lit ce message, ceci peut paraître banal parce que la majorité des gens en ont gagné avec le confinement. Pas moi.
De mes 11 ans à mes 22 ans (mon 3e mois de grossesse), je souffrais d’une forme anorexie. Au secondaire, je pouvais manger 2 beignes pour déjeuner et je me faisais une ½ sandwich pour diner et je n’en mangeais que la moitié. J’ai perdu 2 fois connaissances au secondaire dont à ma 1ère journée en secondaire 1 et qui m’a valu une cicatrice sur mon arcade sourcilière droit et une fois dans mon cours d’anglais en secondaire 4. Personne et surtout mes parents n’en faisaient de cas parce que j’étais mince et c’était oh combien valorisé. Ah ce foutu modèle de femme! Ce qui se cachait derrière était autre chose, je n’avais pas ma place chez moi et je ne prenais pas ma place dans mon milieu. C’était une conséquence d’une enfance perturbée. Personne ne posait de question parce qu’en famille, je dévorais le buffet.
Avec la grossesse, j’ai appris à manger et à explorer la nourriture. Je ne pouvais pas attendre le signal de la faim parce que je l’ai inhibé avec ses années et encore aujourd’hui. J’ai appris à manger à des heures régulières. J’ai développé de l’hypoglycémie avec ce manque régulier de nourriture. Manger n’était pas mon ami mais une nécessité. J’ai eu une autre grosse crise lors de ma séparation avec le père de ma fille. Je suis passée de 150 lbs (post accouchement biensûr) au mois de septembre 1999 à 110lbs au mois de mai 2000. Ça été un choc pour moi avec les conséquences qui ont découlées et ma pression artérielle avait descendu à 100/60. Les choses se sont tranquillement rétablies.
J’ai ensuite gagné du poids durant mon 2e DEC en biotechnologies où le stress, le manque d’argent et surtout les longues heures à étudier de la chimie organique pour essayer de passer un examen. Dans ma famille paternelle et surtout mon père, les critiques que je n’étais plus cette femme mince tant idolâtrée m’ont horriblement blessée. J’avais ce ventre et ses hanches que je ne devais pas avoir. J’ai détesté ce corps mais tout en gardant en tête de ne pas retourner à ces vieilles habitudes. Je n’étais plus cette belle femme parce que je ne répondais plus à ces critères de beauté et je ne pouvais plus être en couple pour qui j’étais avec le corps que j’avais.
Alors, quand Éric soulignait ma perte de poids, c’est qu’il connait mon histoire. Il était inquiet. Depuis le début de l’année et mon bootcamp au Mexique, j’ai perdu 6lbs. J’ai occupé mon confinement avec de l’entraînement pour ma tête et mon corps même si je mangeais régulièrement. J’ai fait une détox alimentaire pour me sevrer de quelques cochonneries durant le Covid et j’ai encore perdu 1,5lbs. J’ai aussi transitionné d’un entraînement de force au gym et à la course et maintenant le vélo qui sont des sports d’endurance. Oui j’ai vécu de la souffrance émotionnelle durant le Covid mais ma perte de poids n’est pas reliée.
La leçon à retenir est plutôt par commencer à souligner la perte de poids par un compliment, demande-lui si cette personne va bien. Tu ne sais pas ce qui se cache derrière cet événement et cette attention sera appréciée. Merci mon ami de t’être soucié de moi xxxx